Cartographie et typicité des appellations : où vibrer au rythme du Chenin sec ?
Savennières : énergie tellurique sur schistes
Ici, sur la rive nord de la Loire, face à Angers, le Chenin prend des allures puissantes, presque dramatiques. Les vieilles vignes courent sur des croupes de schistes et de grès, balancées par la lumière de l’après-midi. Modestes en surface (environ 140 ha), les vins de Savennières (trois appellations : Savennières, Savennières-Roche-aux-Moines, Savennières-Coulée-de-Serrant) sont souvent taillés pour la garde : la finale y claque comme une vague sur la pierre tiède. Peu de compromis ici : tension, notes fumées, pêche blanche, puis cire d’abeille après quelques années.
Vouvray sec : le cristal de la Touraine
Sur les plateaux calcaires qui dominent la Loire à l’est de Tours, le Chenin joue la carte de la finesse. Les Vouvray secs sont limpides comme un matin d’avril, droits, particulièrement incisifs sur les jeunes millésimes, avant de s’arrondir vers l’amande, le coing et la truffe blanche avec l’âge. 2000 ha d’un terroir complexe, où chaque parcelle apporte nuance et relief (source : CIVV).
Montlouis-sur-Loire : la délicatesse sur tuffeau
Juste en face, sur la rive sud, Montlouis affirme son identité : sols plus sableux, moins massifs que Vouvray, mais quelle vivacité ! Quand la main du vigneron taille dans la maturité, le vin se fait pointu, dynamique, éclatant de poire et de pêche blanche. La reconnaissance de la sécheresse (moins de 8 g/L de sucres résiduels) garantit un style aérien, idéal pour la soif ou pour des alliances à table.
Anjou blancs secs (notamment Anjou, Anjou-Villages Brissac, etc.)
Des rives du Layon aux buttes d’Ancenis, les Anjou blancs sur schistes balaient tout l’éventail du Chenin sec et tendu, floral dans sa jeunesse, plus enveloppé après quelques années. Les meilleurs exemples flirtent avec la noblesse de Savennières, mais avec une nervosité de plus, une dimension plus immédiate. Certains villages (Brissac, Saumur, Rablay…) gagnent en notoriété pour la précision de leurs blancs secs.
Saumur blanc : fraîcheur et arômes de craie
Plus proches du tuffeau, les Saumur blancs (plus de 1 200 ha) offrent une tension ciselée et beaucoup de franchise. Petits fruits blancs, fleurs du printemps, et cette verticalité crayeuse qui réclame l’iode d’un plateau de fruits de mer.
| Appellation |
Sols prédominants |
Style du vin sec |
| Savennières |
Schistes, grès |
Puissant, complexe, minéral, grande garde |
| Vouvray |
Tuffeau, calcaires |
Expressif, tendu, bouquet floral-fruité |
| Montlouis-sur-Loire |
Sables, tuffeau |
Léger, pointu, très frais |
| Anjou blanc |
Schistes, calcaires |
Droit, floral, légèrement gras à l’évolution |
| Saumur blanc |
Tuffeau jaune, argile |
Ciselé, vif, fleurs blanches |
Mention spéciale à Jasnières, sur la Sarthe, où le Chenin se plaît à jouer la discrétion, et au Coteaux du Loir, vignoble oublié qui recèle des blancs secs de très grande pureté.